Il est 15 h 47 ce vendredi 28 juin 2024 lorsque mon téléphone portable sonne. Je me prépare à dispenser à ce moment-là, à la Riviera, une formation en administration de site Web à des employés d’une organisation dont Web Et Editions a récemment conçu le site Internet. Celui qui m’appelle est un aîné pour qui j’ai beaucoup de sympathie.
« Bonjour Blagnon, comment vas-tu ? entame-t-il quand je prends l’appel.
– Je vais bien, merci. Et toi-même mon Grand ? lui répondis-je.
– Je vais bien. Enchaînant tout de suite, il ajoute : J’ai vraiment besoin de toi, très cher. Le président Laurent Gbagbo sera en meeting à Bonoua le 14 juillet et j’aimerais que tu nous appuies au niveau de la communication. Nous avons dans l’organisation fédérale un responsable chargé de la communication, mais je suis convaincu que ton expertise et ton regard neuf nous seraient d’une grande aide. Je lui ai transmis ton numéro ; il devrait t’appeler d’un moment à l’autre. Organise s’il te plaît avec lui une stratégie de communication ? Et il y a une réunion du comité d’organisation demain (samedi 29 juin) à 15 h, rejoins-nous !
– Compte sur moi, j’y serai », le rassurai-je avant de raccrocher.
Le lendemain, en début d’après-midi, je me rends à Bonoua pour assister à la rencontre. Avant de partir, je note dans mon calepin quelques idées que je compte proposer au responsable chargé de la communication avec qui j’ai échangé brièvement au téléphone la veille.
Sur place, je retrouve avec joie l’aîné qui m’a convié à la rencontre. Après quelques civilités échangées, la réunion débute rapidement. L’événement étant prévu dans deux semaines, le président du comité d’organisation, l’honorable ECRA Joseph, député de Bonoua et Bongo sous-préfecture, veut aborder sans plus tarder la phase pratique de l’organisation.
Après avoir introduit la réunion, fixé l’ordre du jour et rappelé les enjeux, il donne la parole aux présidents des différentes commissions techniques constituées depuis quelques semaines pour qu’ils exposent leurs plans de travail, les actions engagées et leurs besoins. J’écoute attentivement chaque intervention. Je prends note aussi. J’ai besoin de mieux cerner les déclinaisons de cette visite de Laurent Gbagbo, président du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), à Bonoua, pour les intégrer à mon projet de communication.
Vient ensuite le moment de présenter la stratégie de communication. J’apprends, stupéfait, que le président de la commission Communication est retenu par un empêchement de dernière minute. Il ne m’en a rien dit. Je ne sais pas non plus ce qu’il a déjà engagé comme actions. Cela dit, la charge me revient, inéluctable, de présenter, en quelques minutes, une stratégie de communication cohérente devant cet auditoire attentif. Je me lève de mon siège du fond de la salle et j’expose mes plans.
À la suite de mon intervention, le président du comité d’organisation reprend la parole et exhorte toutes les commissions à mettre en œuvre dans les meilleurs délais les actions nécessaires pour assurer une mobilisation massive des populations. À moi, il demande expressément que l’événement (date, lieu, enjeux…) soit porté à la connaissance des populations du Sud-Comoé (précisément Aboisso, Bonoua, Grand-Bassam) dans les 36 heures. « On n’a plus beaucoup de temps devant nous », conclut-il. Cette phrase dissimule tout juste la responsabilité qu’il me transfère. Je la perçois comme un gage de confiance qui m’honore.
À peine la séance levée, j’appelle le président de la commission pour connaître les raisons de son absence et lui faire part des décisions arrêtées. Il me dit, d’un ton couvert du mystère, qu’il ne peut pas être à Bonoua en ce moment. C’est tout. Il approuve cependant l’orientation que je lui propose pour la communication et me demande de la mettre en œuvre. Il me faut dès lors aller vite.
Ce que j’ai fait
Cette nuit-là, il me fallait trouver un message, une accroche à la fois réaliste et percutante. Je me suis remémoré le témoignage de l’honorable Bomouan Aka Mathias, ancien député de Bonoua, qui, au cours de la réunion, avait évoqué son souvenir de la première visite de Laurent Gbagbo, alors secrétaire général du Front Populaire Ivoirien (FPI), à Bonoua en 1990. Ce déplacement marquait sa première sortie en dehors d’Abidjan après l’instauration du multipartisme, le 30 avril 1990, par l’administration du président Houphouët-Boigny. J’ai donc décidé de souligner ce lien historique et quasi-infrangible entre Laurent Gbagbo et les populations de Bonoua d’autant plus que, 34 ans plus tôt, ce meeting-là avait été violemment réprimé par les forces de sécurité. La mobilisation du peuple abouré avait permis de le sauver de l’assaut de ces forces. J’ai ainsi conçu une accroche présentant cette visite comme des retrouvailles entre le fils du pays, Laurent Gbagbo, et Bonoua.
Cette accroche allait figurer sur l’ensemble des supports de communication (visuels, spots, messages, etc.).
- Panneaux routiers
Une fois cette étape validée, nous avons réalisé les différents visuels pour les panneaux d’affichage qui ont ensuite été imprimés et installés sur les principaux axes menant à Bonoua ainsi qu’à des emplacements stratégiques et très fréquentés de la ville. J’ai également veillé à faire poser des panneaux à Aboisso et à Grand-Bassam, car l’événement concernait l’ensemble de la région du Sud-Comoé.
- Spots publicitaires
Les panneaux ayant été installés en début de semaine, cette première urgence était levée. Je me suis alors focalisé sur la réalisation des spots publicitaires. Il faut souligner que la commune de Bonoua dispose d’une radio communautaire, Radio N’nowé, largement écoutée par les populations d’âge mûr. Pour atteindre cette cible, j’ai fait concevoir deux spots dont un en français et un autre en abouré, le dialecte local, puis nous avons programmé leur diffusion à raison de plusieurs passages quotidiens sur cette radio.
Les populations de la région et les visiteurs passant par Bonoua étant désormais informés de la visite du président Laurent Gbagbo prévue pour le 14 juillet 2024 à la mythique place Amangoua, je pouvais dès lors me consacrer à la communication digitale.
- Réseaux sociaux
Les réseaux sociaux sont incontournables dans toute stratégie de communication pour promouvoir un événement d’une telle envergure. Je n’allais pas me priver de ces instruments pour étendre la portée de nos messages. J’ai d’abord réalisé plusieurs vidéos de mobilisation et des visuels incitatifs que j’ai diffusés régulièrement sur les plateformes numériques du PPA-CI local, touchant ainsi la frange connectée des populations du Sud-Comoé. Ces publications ont été massivement consultées et partagées, favorisant un maillage conséquent de nos messages.
Aussi, avec mon équipe, nous rédigions et diffusions systématiquement, à travers ces différents canaux numériques, tous les comptes-rendus des actions de porte-à-porte menées dans les quartiers de Bonoua dans le cadre de la mobilisation de proximité. Nous rendions également compte des visites d’inspection et d’appui de la haute direction du PPA-CI sur le terrain ainsi que des travaux d’aménagement et d’embellissement de la place Amangoua.
Dans la soirée précédant l’événement, nous avons réalisé une interview de l’honorable ECRA Joseph, diffusée en direct de la Radio N’nowé, interview au cours de laquelle il a rappelé les enjeux de la visite de Laurent Gbagbo à Bonoua. Il a conclu en invitant les populations à se mobiliser massivement le lendemain à la place Amangoua.
Son appel a manifestement été entendu. La mobilisation était exceptionnelle le jour-J. Les populations ont pris d’assaut la place Amangoua et toutes les voies alentours grouillaient de monde.
Cette visite n’était pas seulement un événement politique, mais un moment de réconciliation et de mémoire pour les populations de Bonoua marquées par leur lien profond avec Laurent Gbagbo.
Conclusion
Grâce à notre campagne de communication qui a renforcé et visibilisé les actions de mobilisation, le rassemblement a été exceptionnelle de l’avis des participants et des médias qui ont couvert l’événement, dépassant même les attentes du comité d’organisation.
Au-delà des recommandations que j’ai formulées dans mon rapport de fin d’activité dont certains éléments génériques sont contenus dans le billet suivant sur la communication des partis politiques, je dois reconnaître que notre travail a été par certains aspects grandement facilité par la portée du nom de Laurent Gbagbo qui est un véritable catalyseur dans cette région. Bonoua, et plus largement le Sud-Comoé, entretiennent un lien affectif profond avec cet homme.
Cela dit, il serait imprudent de sombrer dans un triomphalisme excessif. Si le PPA-CI veut continuer à entretenir cette flamme dans le cœur de ses sympathisants, il devra maintenir un travail rigoureux d’organisation et de communication. La visite de Laurent Gbagbo à Bonoua s’inscrit, selon moi, dans cette dynamique. Il incombe aux responsables politiques locaux de poursuivre ces efforts.
Cette expérience souligne l’importance d’une communication ciblée et bien orchestrée dans la réussite des événements politiques.