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Yoh-somba, yoh-somba, yoh-somba oooh* : entre traditions locales et diplomatie

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La richesse des échanges humains se manifeste à travers des codes et des rituels propres à chaque culture. Récemment, j’ai été le témoin, chez les abourés (une ethnie du sud de la Côte d’Ivoire), d’un échange au cours duquel il était question d’annoncer un projet de mariage. Dans un cérémonial singulier où chaque geste, chaque mot, et même chaque silence revêtaient une signification particulière, la parole circulait selon un protocole bien orchestré ; un intervenant parmi les hôtes demandait « les nouvelles », un autre chez les porteurs du message répondait sans révéler immédiatement le but de leur visite avant de transmettre la parole à l’interlocuteur opposé, lequel la relayait ensuite à une autre personne, voire, dans certains cas, directement à un médiateur, jusqu’à ce que l’information principale soit donnée, le tout ponctué d’une interjection rythmique « yoh-somba, yoh-somba, yoh-somba oooh ».

Comme une madeleine de Proust

Ces pratiques ont évoqué en moi la pratique de l’accueil chez le peuple kroumen (ethnie de l’ouest de la Côte d’Ivoire), que je connais. Lorsqu’une personne reçoit une visite à son domicile, elle offre de la cola accompagnée de la pâte (ou poudre) de piment assaisonné localement et du kindjousse (alcool tiré de la canne à sucre) ou de l’eau pour ceux qui préfèrent s’abstenir, avant de lui demander les nouvelles, et de s’engager ensuite dans les palabres.

Ces usages, à la fois symboliques et ancrés dans la tradition, sont des marqueurs identitaires qui révèlent la spécificité et la beauté des coutumes qui distinguent ces peuples. Ils créent et renforcent le lien social, valorisent l’identité culturelles et traduisent une vision du monde, de leur monde, comme c’est le cas généralement chez les peuples d’Afrique, où la communauté prime sur l’individu, où l’hospitalité est une valeur agrégée, où le respect des ancêtres est capital, où la solidarité est sacralisée.

Ces rituels et cérémonies montrent que, pour instaurer des relations de confiance où qu’on se trouve, il est indispensable de s’initier à la communication interculturelle en maîtrisant les codes et symboles propres aux peuples qu’on fréquente.

Qu’est-ce que la communication interculturelle

La communication interculturelle est la discipline qui permet de comprendre et d’apprécier les différences culturelles. Elle est déterminante dans ce monde où, grâce au tourisme, aux échanges académiques et aux collaborations professionnelles, notamment, les interactions entre individus de divers horizons sont devenues monnaie courante.

Importance de la communication interculturelle

Bien plus que la connaissance de rites exotiques et de langues étrangères, la communication interculturelle implique une compréhension poussée des valeurs, des croyances et des comportements des différentes cultures avec lesquelles l’on interagit. Cette compréhension va permettre d’établir des relations apaisées et de gérer les conflits.

Pour les diplomates, notamment, la maîtrise de la communication interculturelle est un atout précieux qui va leur permettre de naviguer dans des environnements multiculturels avec aisance, d’instaurer un dialogue constructif, de négocier mieux armés des accords bénéfiques en évitant des écueils liés à la méconnaissance des traditions d’autrui.

On note ainsi qu’une communication interculturelle efficiente implique la reconnaissance des traditions locales.

Avantages et défis

Malgré ses nombreux avantages, la communication interculturelle présente des défis. La complexité des codes culturels peut conduire à des interprétations erronées et générer des malentendus. Par ailleurs, l’exigence d’un apprentissage constant des traditions d’autrui peut entraîner une surcharge mentale non négligeable.

Conclusion

La communication interculturelle, en faisant le pont entre les traditions ancestrales et les exigences d’un monde globalisé, s’impose comme une discipline centrale, au moins sur le plan social et diplomatique. Cultiver une approche interculturelle, c’est apprendre à voir au-delà des apparences pour saisir la profondeur des traditions et des symboles de nos interlocuteurs. Cela permet de transformer la diversité en une ressource précieuse, propice à de bonnes négociations et à l’établissement de relations (internationales) harmonieuses et durables.

*Peut se traduire en langue abouré par : « Voici ce qui a été dit oooh. »
C’est une manière de capter l’attention de l’auditoire et de l’inviter à se concentrer sur l’annonce. On l’entend souvent lors de rassemblements communautaires, de cérémonies traditionnelles ou quand une personne prend la parole pour délivrer un message important.

*Exclamation traditionnelle en langue abouré qui peut se traduire par : « Voici ce qui a été dit oooh. »
C’est une manière de capter l’attention de l’auditoire et de l’inviter à se concentrer sur l’annonce. On l’entend souvent lors de rassemblements communautaires, de cérémonies traditionnelles ou quand une personne prend la parole pour délivrer un message important en pays abouré.1

Antoine BLAGNON

Je suis Antoine BLAGNON, Consultant en communication, Formateur, Écrivain - auteur de S'ACCOMPLIR - Rien ne sauve autant que l'amour. Pour toute aide en communication ou pour optimiser votre stratégie, n'hésitez pas à me contacter. Web Et Editions est à votre disposition pour vous accompagner dans tous vos projets de communication et d'édition.

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