Dans les conflits motivés par des intérêts politiques, économiques ou stratégiques qui se déroulent à travers le monde, à l’instar de la guerre russo-ukrainienne entamée le 24 février 2022, la désinformation semble être une arme de communication redoutable pour tenter de faire adhérer l’opinion publique à sa cause. Et cette pratique n’est pas le fait de quelques marginaux ou de groupuscules. Les États les plus puissants dont on ne devrait pas soupçonner le sérieux s’adonnent parfois à cette pratique blâmable.
L’une des désinformations notables de notre époque a été la tentative de mystification organisée par l’administration américaine de George W. Bush pour justifier l’invasion de l’Irak de Saddam Hussein par les troupes U.S. En 2003, Colin Powell, alors secrétaire d’État américain, tentait de faire croire au monde que l’Irak possédait des armes de destruction massive. Il présentait une carte et une fiole d’anthrax devant le Conseil de sécurité de l’ONU à l’appui de son argumentation. Et il disait qu’il fallait absolument les détruire, au risque de mettre la sécurité mondiale en péril… Malgré l’opposition de la France qui a publiquement et vigoureusement mis en doute les certitudes américaines, l’administration de George Bush a tout de même mis en œuvre son projet d’attaquer militairement l’Irak. La suite de l’histoire, le monde entier la connait.
Les désinformateurs et leurs officines usent d’un certain génie pour concevoir leurs messages, images, vidéos, qui semblent parfaitement crédibles au premier abord. Ils en usent pour abuser de la bonne foi de personnes peu vigilantes. Cela dit, qu’est-ce que la désinformation ?
La désinformation, une arme de communication dommageable
La désinformation, aussi appelée « fake news », se définit comme la diffusion délibérée de fausses informations dans le but de tromper. Elle vise toujours un objectif caché. Elle se caractérise par l’intention de tromper, la falsification ou la déformation des faits, et la diffusion délibérée de fausses informations.
La désinformation s’est beaucoup accentuée avec l’usage accru des réseaux sociaux numériques. Elle est généralement utilisée comme une arme dommageable pour nuire à la réputation ou à l’intégrité d’un individu ou d’un groupe de personnes.
Des exemples mémorables de désinformation illustrent le danger que cela représente pour la cohésion collective. En voici trois !
Exemple de désinformation politique : l’affaire des « fausses informations » de Cambridge Analytica
L’affaire dite de « Cambridge Analytica » a éclaté en 2018. Cambridge Analytica, une société de conseil politique, a recueilli illégalement les données personnelles de plus de 80 millions d’utilisateurs de Facebook en élaborant des profils psychographiques. Elle a ensuite utilisé ces données pour cibler par des publicités politiques personnalisées ces personnes visant à influencer leurs votes lors de l’élection présidentielle américaine de 2016. Rappelons que Cambridge Analytica travaillait dans cette opération de manipulation pour l’équipe de campagne de Donald Trump. Les électeurs ont été exposés à des informations trompeuses, contribuant à la méfiance envers les institutions légales des États-Unis, et s’abstenant pour la plupart de prendre part aux votes. L’abstention dans certains États aurait ainsi contribué à l’élection de Donald Trump.
Exemple de désinformation en temps de crise : la fausse rumeur d’une explosion à la Maison Blanche
Toujours aux États-Unis, un tweet a été publié en 2013 affirmant qu’il y avait une explosion à la Maison Blanche et que le président Barack Obama avait été blessé. Ce tweet a été relayé par de nombreux utilisateurs sur Twitter (X aujourd’hui), semant la panique et l’émoi. Les marchés boursiers ont dévissé à la suite de cette rumeur et de nombreux investisseurs ont perdu leurs capitaux. Il s’agissait pourtant d’une totale désinformation. Le site de l’Associated Press (AP), la principale agence de presse généraliste des États-Unis, avait été piraté et le message trompeur avait été publié par un hacker. Cette fausse nouvelle a montré comment les médias sociaux peuvent créer des perturbations même dans la finance mondiale en alimentant la confusion.
Exemple de désinformation scientifique : les fausses informations sur le COVID-19
Au cours de la pandémie de COVID-19, la désinformation a également proliféré sur les réseaux sociaux. Des allégations non fondées sur les traitements miracles de la chloroquine, les origines chinoises du virus et la sécurité des vaccins ont largement circulé. Certains groupes d’intérêt et des individus, parfois médicalement qualifiés, ont délibérément créé et partagé de fausses informations pour susciter la méfiance des populations envers les vaccins prétendument compromis, entraînant leur réticence à se faire vacciner. Cette désinformation a eu des conséquences graves sur la santé publique, compromettant par moment les efforts des pouvoirs publics pour mettre fin à la pandémie.
Ces trois (3) exemples et bien d’autres que vous retrouverez dans la documentation contemporaine montrent comment la désinformation peut être utilisée comme une arme de communication pour manipuler la perception du public sur des questions essentielles, qu’elles soient politiques, scientifiques ou autres.
Conclusion
Face à ce péril, pour contrer la désinformation, il nous faut développer une pensée critique, vérifier nos sources d’information et promouvoir une aptitude à rechercher la bonne information pour se prémunir contre cette menace croissante qui vise à déstabiliser les équilibres. Une personne informée et vigilante est la meilleure défense contre la désinformation.