Le 02 septembre 2023, les élections municipales et régionales se sont déroulées sur tout le territoire ivoirien. Alors que les résultats sont désormais connus de tous, certains candidats semblent remettre en question l’intégrité du scrutin à l’issue duquel ils ont été donnés perdants. Leurs critiques envers la commission électorale chargée de l’organisation du scrutin méritent cependant d’être examinées attentivement. Et il appartient au Conseil d’État de trancher sur ces contestations, si elles lui sont soumises par les candidats par les voies et délais légaux. Cela dit, il est bon de tenter une analyse de la communication politique de certains candidats qui ont échoué dans cette élection, et proposer des solutions.
Tout d’abord, qu’on ne s’y trompe pas : une élection ne se gagne pas uniquement grâce à une communication parfaitement élaborée. Si tel était le cas, les responsables des agences de communication les plus ingénieuses obtiendraient aisément des postes électifs, nationaux ou internationaux, chaque fois qu’ils l’avaient souhaité. Pour l’illustrer autrement, il faut voir que l’entraîneur de la meilleure équipe de football n’est pas nécessairement un joueur plus talentueux que ceux qu’il entraîne. De même que la meilleure thérapie ne vaut que par l’implication et la motivation du patient. Pour remporter une élection, il faut, en plus des stratégies de marketing politique et de communication, tenir compte d’une part d’irrationnel liée à la personnalité du candidat, à son parcours, à ses antécédents et à son charisme.
Quoique nous ne puissions pas objectivement analyser cette part d’irrationnel, à moins de nous livrer à une sorte de « psychologie de cabaret », nous pouvons certainement examiner de manière rigoureuse la méthode employée par nombre de candidats malheureux et proposer des corrections aux lacunes dans leur communication politique.
Le contexte…
En Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, de plus en plus de citoyens sont dépités face aux promesses électorales non tenues des candidats-élus. Leur quotidien ne s’améliore pas, ce qui les pousse à se désintéresser de plus en plus des élections. Ils choisissent, nombreux, de s’abstenir de participer activement à la sélection de leurs représentants, même lorsqu’ils ont conscience que ces élus ont un impact direct sur leur communauté, sur leur vie en société.
Cette désaffection des citoyens compromet le fonctionnement souhaitable de la démocratie et entrave manifestement l’alternance au pouvoir. Le parti au pouvoir a généralement à sa disposition des ressources considérables pour mobiliser ses électeurs, ce qui lui donne un avantage certain dans les compétitions électorales. Au surplus, cette situation conduit inévitablement à l’enracinement du pouvoir en place et à sa longévité aux affaires. Il est par conséquent impératif de trouver des solutions adéquates pour que tous les candidats puissent competir de manière plus équitable. On pourrait par exemple, pour ne considérer que cet aspect superficiel, décider d’un nombre égal d’affiches pour la campagne électorale pour chaque candidat tout comme il est standardisé l’égalité des temps d’antenne dans les médias.
La démarche pour remporter des élections municipales…
Considérant cette désaffection des citoyens pour les élections, il est raisonnable d’envisager que ces derniers puissent être mieux accompagnés à chaque étape du processus électoral. Cela va de la formation civique à l’inscription sur la liste électorale, en passant bien entendu par le vote lui-même. L’organisme en charge des élections, ici la CEI, ainsi que les candidats, doivent jouer un rôle essentiel dans cet accompagnement.
Ainsi, dans la période des inscriptions sur la liste électorale, les électeurs doivent être encouragés à s’inscrire. La commission chargée des élections le fait très bien. Mais cela reste insuffisant, certainement, dû à des raisons budgétaires. Les pouvoirs publics doivent initier régulièrement des campagnes de sensibilisation au vote pour inculquer aux gens le sens de leur responsabilité dans le choix des élus.
Les candidats, également, doivent activement s’y employer. Si des citoyens dans leurs circonscriptions n’ont pas les documents administratifs nécessaires à l’inscription sur la liste électorale, ils doivent être à même de les orienter pour les obtenir.
En outre, les candidats doivent rendre publique leur intention de se présenter longtemps avant le scrutin. Dans de nombreux pays occidentaux dont nous nous inspirons du système politique, les candidats annoncent leur candidature au moins douze mois à l’avance. Aux États-Unis, c’est parfois vingt-quatre mois à l’avance, ce qui leur laisse suffisamment de temps pour diffuser leurs messages, rencontrer leurs concitoyens et organiser leur campagne électorale.
S’inspirer des modèles qui marchent
En Afrique, les candidats doivent s’en inspirer pour plus d’efficacité. Certaines personnes font beaucoup de mystère autour de leur candidature et contribuent, de fait, à embrouiller le jeu politique ainsi qu’à « gaspiller » des sommes qui auraient autrement mieux servi ailleurs. Un candidat à qui je signalais l’annonce tardive de sa candidature aux élections législatives m’a indiqué l’avoir fait à ce moment-là pour ne pas avoir à supporter les sollicitations nombreuses de toute nature des populations. C’était dit.
Dans l’ère de la modernité que nous vivons, les candidats peuvent utiliser les réseaux sociaux ou une interview pour annoncer leur candidature. Ils peuvent aussi utiliser leur site internet, s’ils en disposent, pour donner plus de solennité à leur déclaration. Il n’est pas exclu de publier un ouvrage sur sa vision de la société, d’organiser un meeting ou une rentrée politique dans cette optique.
Idéalement, dès que la candidature est validée par l’organisme électoral, les candidats aux élections locales doivent ouvrir une permanence dans leur circonscription. C’est à partir de là qu’ils vont mobiliser les bénévoles et les électeurs. Leur communication structurée et leur publicité de candidat commencent à ce stade.
Avant le début de la campagne électorale officielle, dans cette période que l’on appelle la pré-campagne, les candidats doivent aller à la rencontre des citoyens en participant à divers événements locaux (rencontre sportive, fêtes, obsèques, etc.). Cette démarche vise à marquer leur proximité avec les gens et à gagner leur sympathie.
C’est également à ce moment-là que, idéalement, les candidats finalisent leur stratégie, mettent en place leur équipe de campagne, définissent les missions et objectifs, et valident leur plan de communication de campagne. Ils font également concevoir les visuels et autres éléments de communication pour une production optimale dans des délais favorables.
Ainsi, dès le début de la campagne électorale, même en tenant compte des imprévus, les candidats vont être mieux préparés et bénéficier de l’adhésion des citoyens qui percevront leur démarche comme authentique, cohérente et crédible.
Un candidat qui s’invite au tout dernier moment dans le jeu électoral, sauf rares exceptions, est perçu comme un opportuniste et est sanctionné par les électeurs.
Concluons
Dans l’ensemble, et en prenant en considération la nature spécifique de chaque élection, il faut reconnaître que chaque scrutin nécessite une préparation minutieuse. Le candidat doit annoncer sa candidature suffisamment tôt, accompagner les électeurs dans leur processus d’inscription sur les listes électorales, puis présenter son programme politique lors des pré-campagnes électorales. Enfin, il doit mobiliser les électeurs pendant la campagne électorale et le jour du vote pour espérer s’assurer la victoire.
Il faut l’avouer, il est indéniable que notre système politique tend à rendre l’électorat populaire dépendant, voire immature, en le conditionnant avec des incitatifs tels que la distribution de sandwiches ou le transport en minibus pour le motiver à voter. Cette situation est dommageable. Il est impératif de modifier cette approche en mettant davantage l’accent sur l’éducation et la sensibilisation. Sinon, notre démocratie pourrait être compromise.
Cela dit, une bonne préparation augmente considérablement les chances de succès du candidat. En travaillant à surmonter les défis de la communication politique et de la mobilisation, les candidats ont la possibilité d’améliorer leurs résultats électoraux ainsi que ceux de leurs partis politiques, s’ils sont militants. A l’avenir, il faudra procéder méthodiquement, c’est-à-dire comprendre que la préparation de la prochaine échéance électorale débute maintenant, à moins d’avoir définitivement renoncer à briguer le suffrage des électeurs.
Je suis consultant en communication corporate. Je partage sur ce Blog mes meilleures pratiques pour communiquer efficacement. J’espère pouvoir quelque peu vous aider dans votre communication d’entreprise. Vous pouvez me contacter pour un partage d’expérience ou autre…
