Les réseaux sociaux numériques ont profondément transformé notre manière de nous informer et de communiquer, en partie grâce à leur accessibilité simplifiée via les périphériques mobiles. En plus d’être accessible à un large public nonobstant les barrières sociales, ils sont devenus avec le temps des sources d’information puissantes et des espaces prisés pour la diffusion d’idées personnelles et collectives. En cela, les réseaux sociaux ont largement surpassé la télévision, la radio et la presse imprimée.
Chaque individu peut désormais devenir son propre média, même avec des ressources limitées, et diffuser ses idées pour accroître sa portée, s’émancipant dès lors des médias traditionnels. La popularité de ceux qu’il est convenu d’appeler « Influenceurs » est l’expression concrète de la puissante portée des réseaux sociaux. Ces espaces numériques favorisent l’émergence de figures populaires.
Les jeunes, particulièrement nombreux en Afrique, ont grandi avec les réseaux sociaux. Ces derniers préfèrent la plupart du temps faire confiance à ces influenceurs en ligne et aux célébrités des nouveaux médias, parce qu’ils partagent les mêmes codes d’expression, plutôt qu’aux journalistes « traditionnels ». Cela, malgré le risque accru et clairement signalé de désinformation sur Internet.
En dépit de cette réalité, certains gouvernants africains qu’on ne devraient pas soupçonner d’ignorance, en l’occurrence le ministre ivoirien de la communication, monsieur Coulibaly, continuent de qualifier ces espaces numériques dynamiques de simples « lieux d’émotion où … tout le monde est expert ».
En contrepoids de la déclaration qui précède, je vais mettre en lumière ci-après la puissance des réseaux sociaux en tant que plateformes d’information et de communication contemporaines, en rappelant quelques faits tragiques marquants diffusés sur ces différentes plateformes numériques dans le but de modifier la donne politique au sein de certaines nations.
L’information en temps réel grâce à X (Twitter)
X, anciennement connu sous le nom de Twitter avant son rachat par Elon Musk, est un réseau social numérique extrêmement populaire prisé en Afrique, plutôt par un public de lettrés, pour s’informer en temps réel. Cette plateforme permet aux utilisateurs de suivre des comptes d’actualités de journalistes, de contributeurs, de personnalités influentes, de sources gouvernementales ou associatives, etc. De plus, grâce au regroupement d’informations par hashtags, la plateforme permet de consulter rapidement de nombreuses ressources sur un même sujet, donc d’enrichir le savoir à partir d’un contenu fourni, varié et relativement gratuit.
Des exemples notables de l’impact de Twitter en tant que source d’information en temps réel sont survenus notamment lors des événements tragiques des « Printemps arabes » en Tunisie (avec l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, qui a entraîné un soulèvement populaire dans le pays et le départ du pouvoir du président Ben Ali) et en Égypte (avec les manifestations populaires place Tahrir).
En 2011, les manifestants de la révolution égyptienne ont principalement utilisé Twitter pour coordonner leurs actions de contestation place Tahrir, pour partager des vidéos et des images en direct des manifestations et informer le monde entier de la situation politique et insurrectionnelle au Caire. La mobilisation populaire sur les nouveaux médias et sur le terrain a finalement conduit à la démission du président égyptien Hosni Moubarak. Les médias traditionnels suivront le mouvement et relaieront les informations de la fin du pouvoir Moubarak.
Avant l’épisode égyptien, la vidéo virale de Mohamed Bouazizi, en feu, qui s’est suicidé par immolation devant le gouvernorat de Sidi Bouzid dans un acte de désespoir a créé un vif émoi au sein de la population tunisienne. Les tunisiens se sont sentis concernés et leur indignation s’est aussitôt exprimée par une révolte populaire contre le pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali. Ce dernier finira par démissionner et s’exiler en Arabie Saoudite.
Ces deux événements marquant les histoires nationales de la Tunisie et de l’Egypte illustrent combien les réseaux sociaux peuvent catalyser la diffusion de l’information à l’échelle nationale et mondiale, avec des conséquences majeures.
La diffusion d’informations vitales sur Facebook
Observons un autre exemple. Facebook, le réseau social comptant le plus grand nombre d’utilisateurs, a également joué un rôle central dans la diffusion d’informations importantes. L’exemple suivant l’illustre bien. Lors du tremblement de terre dévastateur au Népal en 2015, des groupes Facebook ont été spontanément créés pour aider à localiser les survivants, fournir des informations sur la catastrophe naturelle et collecter des dons de premier secours presque en temps réel. Cette mobilisation exceptionnelle de la communauté en ligne a permis de sauver de nombreuses vies et de coordonner efficacement les secours.
La sensibilisation aux enjeux mondiaux grâce à Instagram
Instagram, avec son accent sur les images et les vidéos, constitue également un puissant moyen de sensibiliser aux enjeux mondiaux. Les utilisateurs peuvent suivre des comptes dédiés aux causes qui leur tiennent à cœur. Le compte Instagram de Greta Thunberg (@gretathunberg) a joué pendant un certain temps un rôle essentiel dans la sensibilisation à l’urgence climatique et dans la mobilisation collective. Ses publications régulières et son activisme ont longtemps attiré l’attention du public sur les défis environnementaux et ont encouragé l’action de chacun dans la sauvegarde de notre patrimoine commun, notre planète, au point que le secrétaire général des Nations Unies l’a invitée à délivrer un message sur le défi écologique à l’échelle planétaire à la tribune new-yorkaise de l’instance mondiale.
Conclusion
On observe que les réseaux sociaux ont profondément révolutionné la manière dont nous nous informons et communiquons. Et ces exemples ne sont pas exhaustifs. Il y a des cas dans le monde professionnel notamment où les réseaux sociaux ont aussi bouleversé des vies. Aujourd’hui, quasiment tous les hommes d’État, les personnalités de premier rang, les organisations, les professionnels ainsi que les citoyens utilisent désormais les réseaux sociaux pour transmettre leurs messages au monde et pour faire connaître leurs idées. De Donald Trump à Koudou Ado, en passant par Elon Musk, Barack Obama, et tant d’autres, tous utilisent les réseaux sociaux pour partager leurs idées de manière libre et parfois ludique. Ils usent également de ces plateformes numériques pour recueillir les idées, les attentes d’autres gens.
En fin de compte, les réseaux sociaux permettent une diffusion rapide d’informations parfois importantes, la mise en relation simplifiée, l’organisation éventuelle des efforts humanitaires, la sensibilisation à des enjeux mondiaux importants tels que la paix, la démocratie, etc.
Cependant, il faut faire preuve de discernement lors de l’utilisation de ces réseaux sociaux comme source d’information en vérifiant systématiquement les sources des informations qui vous paraissent douteuses. Il faut aussi rester critique. Les réseaux sociaux sont des outils puissants, mais leur efficacité dépend en définitive de la manière dont nous les exploitons pour accéder à une information fiable. S’ils représentent des lieux d’émotion, c’est certainement parce que nous y recherchons de l’émotion, sans plus. Les réseaux sociaux ne sont pas que des lieux d’émotion sauf à les exploiter comme tels. Ces plateformes représentent bien plus que cela. Ils contribuent à façonner qualitativement les consciences entre autres par l’accessibilité simplifiée à la connaissance dont ils favorisent la diffusion.