You are currently viewing Comment le défaut d’un Internet stable prive les Africains d’opportunités

Comment le défaut d’un Internet stable prive les Africains d’opportunités

Nous sommes en 2022. En Côte d’Ivoire. Internet est maintenant présent dans quasiment tous les domaines de notre vie quotidienne où que nous nous trouvions en zone urbaine.

Internet, une révolution dans les habitudes humaines

Que ce soit pour nous informer, pour travailler, pour acquérir une connaissance, une compétence ou nous divertir, cette technologie nous offre de multiple choix. Des choix dont nous n’imaginions ni l’ampleur ni l’impact radical sur notre société. Internet a bouleversé nos pratiques, nos habitudes. C’est en cela qu’elle est une technologie révolutionnaire.

Internet rend accessible le savoir, la connaissance, l’information. On l’observe dans l’éducation et la formation où l’infortuné de Sougblaké peut suivre les mêmes cours de haut niveau qu’un étudiant américain du Delaware à partir des massive online open courses (Mooc), des tutoriels Youtube, des e-books ou autres PDF partagés. On le voit également dans la santé où grâce à la télémédecine les patients reçoivent de meilleurs soins. On le voit encore dans la guerre russo-ukrainienne avec l’usage de l’internet par satellite, et tutti quanti.

Évoquant ce conflit, j’ai une pensée émue pour les victimes.

Pour en revenir à mon quotidien avec Internet, tout allait plutôt bien jusqu’à ce que j’entreprenne ce voyage dans l’arrière-pays, dans la localité de Sougblaké.

Mon voyage à Sougblaké

Sougblaké est une contrée enclavée au sud-ouest de la Côte d’Ivoire avec très peu d’infrastructures publiques. Cependant, je ne me doutais pas de l’inexistence de la couverture du réseau Internet sur place.

Venant d’Abidjan, il me paraissait évident que je pourrais suivre sur mon téléphone connecté les actualités du reste du pays et du monde. J’avais même emmené avec moi un ordinateur portable pour prendre part plus confortablement à un webinaire. Que nenni !

Le jour du webinaire, c’est-à-dire le lendemain de mon arrivée à Sougblaké, je n’avais pas accès au réseau Internet. Certes, j’avais imaginé que je ne devais pas compter sur le réseau de la fibre optique dont le déploiement est jusque-là circoncis aux agglomérations d’Abidjan, San-Pédro, Yamoussoukro et Bouaké. J’étais aussi à peu près sceptique quant à la disponibilité de l’internet par l’ADSL. Mais j’étais plutôt persuadé que la connexion au réseau Internet 4G était disponible. J’ai vite déchanté.

Ce matin-là, lorsque je me suis aperçu que les habitants de Sougblaké se dirigeaient au sommet de la colline la plus haute à deux kilomètres environ de mon lieu de résidence pour capter le réseau GSM, même pas la 4G, mes illusions sont retombées.

J’ai évidemment manqué mon webinaire.

Après mon séjour, en rentrant à Abidjan, à San-Pedro, je pouvais à nouveau profiter de l’internet sur mon téléphone. En consultant les actualités, j’ai vu qu’Elon Musk avait offert aux Ukrainiens des paraboles leur permettant de se connecter à Internet dans les zones de désert numérique grâce à sa constellation de satellite Starlink disposer dans le ciel.

Quelques jours plus tard, j’apprenais aussi que les Russes avaient lancé un nouveau satellite pour améliorer leur couverture Internet.

J’ai rêvé d’un Internet dans les moindres recoins du pays…

Je me suis alors pris à rêver. Rêver d’un Internet stable et rapide dans tous les recoins de notre pays.

Ce billet est un plaidoyer en direction des autorités nationales et supranationales pour agir en ce sens.

Les Africains, du fait des coûts élevés dans le système éducatif, s’orientent très tôt dans l’économie informelle. Or, il nous faut des connaissances et des compétences pointues pour combler la gap de développement qui nous séparent des autres continents du monde. Nous sommes le continent le plus pauvre.

Internet vient donner aux Africains à travers les cours en ligne l’opportunité de se former qualitativement et de relever les défis de développement du continent.

Nous savons ce qui se fait ailleurs et qui réussit. Nous en profitons et nous nous l’approprions. De même, nous apportons au monde notre culture, nos savoirs, notre créativité.

Des projets comme Starlink de l’entreprise SpaceX ou encore celui de Oneweb et Eutelsat devraient soient inspirer nos dirigeants soit les motiver à sceller des accords pour assurer une meilleure couverture Internet de nos pays. Sinon comment nos populations pourraient-elles profiter des opportunités multiple de développement présentes grâce à Internet. J’avais déjà fait ce plaidoyer il y a quelques années. Ce défi est encore présent.

Internet transforme nos vies, bonifie nos carrières et libère plus vivement nos énergies. Ce plaidoyer est également à l’endroit de nos élites. Je les invite à produire du contenu lié à leurs compétences pour édifier un plus grand nombre. Il n’est plus possible pour quelque raison de ne point éclairer ne serait-ce que dans son environnement immédiat par la diffusion de ses expériences et connaissances.

Concluons

Je rêve que les enseignants des universités d’Afrique mettent en ligne des cours. Qu’ils tiennent des blogs sur lesquels ils partagent avec leurs communautés des ressources structurantes. Je fais le rêve que chaque intervenant qui prend la parole en public pour partager une expérience, un savoir, soit capable de rendre disponible cette ressource en ligne soit par la vidéo soit par un compte-rendu écrit. Je rappelle que c’est ce principe qui a fondé l’émergence des bibliothèques de l’époque, c’est ce même principe qui nourrit le big data dont nous profitons de nos jours. Je plaide pour que nos médecins communiquent sur la Toile sur la prévention thérapeutique, que les juristes se tiennent par des publications en ligne aux côtés des populations, je rêve que les diplomates africains nous instruisent sur les enjeux géostratégiques actuels et futurs, etc. Et je rêve…

Ce rêve se matérialisera-t-il dans la réalité ?
Contribuer au contenu en ligne, c’est être un acteur de développement de son époque.

Une chose est certaine, Internet a favorisé l’émergence d’un nouveau monde dans lequel il faut se construire une identité valorisante.

Vidéo explicative

Écouter le podcast

Laisser un commentaire